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Pas de progrès social ni écologique sans industrie

Sans son industrie la France ne serait pas devenue l’une des nations les plus développées, et surtout elle n’aurait pas pu répondre, en toute indépendance, aux besoins essentiels de sa population : transports, énergie, télécommunications, agroalimentaire… Or, depuis trente ans, la part de l’industrie dans la richesse produite en France est passée de 20% à 12%. Ce déclin n’est pas le résultat d’une crise mais de choix délibérés soumis au mythe de la société postindustrielle : oui, c’est bien le choix du capitalisme financier, du financement par les fonds de pension, de la rémunération folle des actionnaires qui a conduit à cette désindustrialisation.

Avec Emmanuel Macron ce choix du « laisser faire » et de la finance s’aggrave et accélère la destruction d’outils industriels les plus performants. Avec la vente d’Alcatel-Lucent à Nokia, celle d'Alstom Energies à General Electrics, le passage du TGV français sous contrôle de Siemens, ou encore le rachat des chantiers navals de Saint-Nazaire par Fincantieri, ce ne sont pas des industries vieillissantes mais bel et bien des technologies de pointe et porteuses d’avenir que nous abandonnons.

Cette logique ultralibérale favorisant le moins-disant social et environnemental et qui conduit à produire à l’autre bout de la planète ce dont nous avons besoin ici, a des conséquences catastrophiques sur l’emploi : un demi-million d’emplois industriels ont été détruits entre 2007 et 2015. Mais au-delà des conséquences immédiates et douloureuses sur nos vies, nos régions sinistrées, c’est
aussi notre avenir collectif qui se dérobe : sans industrie, en liaison avec un développement de la recherche et des services, pas de progrès social... Pas de production d’énergie décarbonée, pas de sortie de l’économie du « jetable », pas d’infrastructures numériques, pas de chimie verte, pas de politiques de santé, pas de véhicules propres…

Il ne peut y avoir de lutte contre le réchauffement climatique, de politique énergétique, d’aménagement, ou de transport sans les moyens industriels de les mettre en oeuvre, sinon les élu.e.s, de la commune à l’Europe sont condamnés à mettre en oeuvre des politiques que les grands groupes industriels leur proposent sur l’étagère. Cette renaissance industrielle sera porteuse de coopération européenne et internationale à la mesure des défis à relever et avec le souci de mutualiser les coûts de recherche, en développement et en capital.

Focus sur...

Airbus Group constitue une indéniable réussite, qui est le produit d’une coopération industrielle impulsée par la
puissance publique grâce à un groupement d'intérêt économique (sans capital financier) : dix ans de carnet de commandes
assurés, 130 000 salariés dont 60 000 en France et 66 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Mais c’est aussi une
entreprise qui se fragilise en choisissant le tout financier : le principal moteur de croissance des ventes reste l’A320 lancé
il y a… trente-trois ans. 

Quand Tom Enders, PDG d'Airbus Group déclare : «Nous serons impitoyables sur la marge de 10% » pour les actionnaires,
il est avant tout impitoyable avec l’emploi et la recherche. Avec une telle stratégie, le choix du cash peut mener Airbus au crash.

Au contraire de cette logique, il faut renforcer la maîtrise publique du groupe et des programmes industriels (avion propre,
Ariane VI…) Cela implique de s’émanciper des 74% d’actionnaires privés flottants qui plombent l’avenir de l’entreprise groupe, et de faire d’Airbus le premier groupe industriel public européen, avec une participation majoritaire des États français et espagnol et des banques publiques des Länders allemands, et en réintégrant immédiatement la présence publique au conseil d’administration
du groupe avec droit de vote (supprimée par la loi Macron).

tout de suite...

  • instaurer un moratoire sur les licenciements boursiers et ceux résultant de fermetures, délocalisation ou cession de sites.
  • interdire les LBO et les fonds vautours.

de logique

  • Élaborer un plan de réindustrialisation dans vingt filières stratégiques conduisant à la création d’un million d’emplois : énergies renouvelables, automobile propre, transports urbains et ferroviaires, rénovation thermique des bâtiments, agriculture paysanne, aérospatiale, la navale et le numérique. Développer l’économie de la réparation et des matières recyclées.
  • Création d’un pôle public bancaire (Caisse des dépôts et consignations, Banque publique d’investissement, Banque postale, banques mutualistes et nationalisation de la BNP Paribas et de la Société générale) pour peser sur l’orientation du crédit au service notamment de la reconquête industrielle sur des critères sociaux et environnementaux favorisant l’investissement dans l’emploi et la recherche.
  • Transformer les pôles de compétitivité en pôles technologiques de coopération pour substituer à la mise en concurrence des équipes de recherche une véritable mutualisation et coopération.
  • Instaurer la propriété sociale des brevets comme communs inaliénables du collectif des travailleurs de l’entreprise.
  • Agir pour créer des groupes publics européens  en matière d’énergie, de transport, de télécommunications, de recyclage et traitement des déchets, en médecine et dans l’aérospatiale. 
  • Favoriser le développement du modèle coopératif, de l’économie sociale et solidaire par la commande publique, en affectant une part obligatoire des dépôts des banques coopératives à son financement.

Une proposition de loi

Sur 17 000 entreprises de moins de cent salariés qui changent de propriétaire chaque année, bon nombre sont reprises par des acquéreurs dont la préoccupation première est l’accroissement de leur marge au détriment de l’emploi. Un bon moyen de s’opposer
à ce gâchis est de donner la possibilité aux salariés de préempter prioritairement leur propre entreprise. 

C’est le sens de la proposition de loi déposée par les députés communistes en 2015 : favoriser la reprise en SCOP par les salariés de leur entreprise ou commerce en voie de cession.

 

Consultez la proposition de loi sur internet

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